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le docteur lerne, sous-dieu

» Pratique donc l’indifférence, mon cher neveu. Ne vois rien, n’entends rien, ne comprends rien, afin de devenir richissime… et de rester… vivant.

» Oh ! l’indifférence n’est pas une vertu si aisée, du moins à Fonval… Il y a justement dehors, depuis cette nuit, des choses qui ne devraient pas y être et ne se trouvent là que par inadvertance…

À ces mots, une colère inopinée s’était emparée de Lerne. Il tendit les poings dans le vide et grommela :

— Wilhelm ! imbécile bourrique !

Ce dont j’étais assuré, à présent, c’est que les secrets étaient de taille et me donneraient de belles surprises, une fois dénichés. Quant aux promesses du docteur, à ses menaces, je n’y croyais pas, et son discours ne m’avait ému ni de cette convoitise ni de cette frayeur entre lesquelles mon oncle aurait voulu me tenir dans l’obéissance.

Je repartis froidement :

— Est-ce là tout ce que vous me demandez ?

— Non. Mais cette… prohibition est d’un autre genre, Nicolas. Tout à l’heure, au château, je te présenterai à quelqu’un. C’est une personne que j’ai recueillie… une jeune fille…

Je fis un mouvement de surprise et Lerne devina mes imputations.

— Oh ! se récria-t-il, c’est une amie filiale, et rien d’autre. Malgré tout, cette amitié m’est précieuse, et il me serait douloureux de la voir amoindrie par un