Page:Renard - Le Docteur Lerne sous-dieu, 1908.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
le docteur lerne, sous-dieu

depuis… c’est tout juste s’il va prendre le train à Grey, une fois par mois.

En somme, toutes les excentricités de mon oncle débutaient à la même époque : le dédale et le style différent des lettres coïncidaient pour la date. Quelque chose alors avait influencé profondément son esprit.

— Et ses compagnons ? repris-je, les Allemands ?

— Oh ! ceux-là, monsieur, invisibles ! Au surplus, si je vous disais que moi, qui vais à Fonval six fois la semaine, je ne me rappelle pas quand j’ai jeté sur le parc un dernier coup d’œil ! C’est M. Lerne lui-même qui vient à la porte chercher les plis ! Ah ! quel changement ! Avez-vous connu le vieux Jean ? Eh bien, il est parti, et sa femme aussi. C’est comme je vous le dis, monsieur, plus de cocher, plus de gouvernante… plus de cheval !

— Depuis quatre ans, n’est-il pas vrai ?

— Oui, monsieur.

— Dites-moi, facteur, c’est giboyeux par ici, n’est-ce pas ?

— Ma foi, non. Quelques lapins, deux ou trois lièvres… Mais il y a trop de renards.

— Quoi, pas de chevreuils ? de cerfs ?

— Jamais.

Une joie étrange me fit tressaillir.

— Nous y voilà, monsieur.

En effet, après un dernier crochet, la route s’abouchait à l’ancienne avenue dont Lerne avait gardé ce