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le docteur lerne, sous-dieu

barres de caoutchouc. Les projecteurs, informes, avaient l’air dégonflés, et leurs lentilles, bleuâtres et gluantes, ressemblaient à des taies sur des yeux morts. Je vis des taches suspectes qui rongeaient l’aluminium, et des trous corrodant le fer. L’acier, devenu poreux, s’effritait, et le cuivre avait pris une consistance spongieuse de champignon. Enfin, une lèpre rousse ou verdâtre marbrait la plupart des organes, et ce n’était ni la rouille ni le vert-de-gris. Par terre, l’ignoble fumier s’entourait d’une flaque sirupeuse et dégoûtante qui en sourdait, mordorée de louches irisations. D’étranges réactions chimiques faisaient de temps en temps bouillonner à lourdes bulles crépitantes cette chair métallique en putréfaction, et, à l’intérieur du mécanisme, il y avait d’intermittents borborygmes qui gargouillaient. Tout à coup, dans une chute flasque — ainsi qu’une bouse sur de la boue — le volant s’effondra, défonçant la plate-forme et, par contre-coup, le capot. Une bouillie sans nom s’y agita, et l’horrible puanteur de la décomposition organique me jeta en arrière. Mais j’avais eu le loisir d’apercevoir, au fond de l’ombre, le grouillement des vers cadavériques…

— Quelle sale fabrication ! déclara le mécanicien.

Je tentai de lui faire accroire que la trépidation dissocie parfois le métal et peut y donner lieu à de telles modifications moléculaires. Il ne parut pas ajouter