Page:Renard - Le Docteur Lerne sous-dieu, 1908.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.
242
le docteur lerne, sous-dieu

lassait pas de hurler aux nuages ou aux astres cet affreux supplice que j’avais moi-même enduré ?

Car elle était toujours là ! et cela me confondait que Lerne perpétuât la punition d’une faute dont la gravité devait lui paraître bien atténuée, maintenant qu’Emma ne lui tenait plus au cœur.

Je résolus de confier ma surprise à mon oncle.

— Nicolas, me répondit-il, tu as mis le doigt sur mon plus grand souci. Mais comment faire ?… Pour rétablir en cette aventure l’ordre des choses, il est de toute nécessité que le corps de Mac-Bell revienne ici… Par quel stratagème décider son père à nous le renvoyer ?… Cherche. Aide-moi. Je te promets d’agir sans retard dès que l’un de nous aura trouvé.

Cette réponse avait dissous mes dernières préventions. Je ne me demandai pas pourquoi Lerne s’était métamorphosé ainsi, du tout au tout, et du jour au lendemain. Dans mon opinion, le professeur était enfin venu à résipiscence ; et, à défaut des autres vertus qui reparaîtraient sans doute une à une, sa droiture de jadis me sembla renaître, égale à cette science qui ne l’avait jamais abandonné, évidente comme elle.

Et la science de Lerne était presque illimitée. J’en acquérais chaque jour la conviction. Nous avions repris nos promenades, et il en profitait pour m’entretenir savamment de toutes les rencontres que nous faisions. Une feuille engendrait la botanique tout entière ; l’entomologie se développait à propos d’un