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le docteur lerne, sous-dieu

tion, de chaleur, on a gardé vivants : une queue de rat coupée, sept jours ; un doigt amputé, quatre heures. Au bout de ces périodes ils étaient morts, mais, durant sept jours et durant quatre heures, habilement recollés, ils auraient continué de vivre.

» C’est le procédé mis en œuvre par les Hindous, qui réintégraient ainsi les nez abattus à titre de châtiment, ou — si l’on avait brûlé ces appendices — les remplaçaient par des nez en peau de fesse, prélevés, mon cher Nicolas, au derrière même du supplicié.

» L’opération ainsi effectuée rentre dans le premier cas de greffe animale et consiste à transplanter une partie d’un individu sur lui-même.

» Le deuxième consiste à réunir deux animaux par deux plaies, qui se soudent. On peut alors trancher à l’un le fragment de sa personne attenant à la soudure et qui, dorénavant, vivra sur l’autre.

» Le troisième consiste à transplanter sans pédicule une partie d’un animal sur un autre, toujours de telle sorte qu’elle y conserve sa vie propre. — C’est le plus élégant des trois. C’est celui-là qui m’a séduit.

» L’opération en était réputée scabreuse pour bien des motifs, dont le principal est qu’une greffe prend d’autant moins volontiers que les deux sujets en présence s’éloignent davantage l’un de l’autre dans l’échelle de la parenté. La greffe prospère à merveille sur un même animal, moins bien de père à fils, et de plus en plus mal de frère à frère, de cousin à cousin, d’étranger