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le docteur lerne, sous-dieu

Cette ordure à élastiques servait de base à toutes les hypothèses que j’édifiais, la nuit, dans l’espoir de calmer la jalousie par la curiosité. Elle constituait en effet le seul but nettement déterminé où mon indiscrétion pouvait tendre. J’avais noté que la cabane aux outils se trouvait dans les environs de la clairière ; c’était commode pour déterrer le brodequin… et le reste, au besoin. Mais, sous le joug de son affection, Lerne m’en tenait éloigné sans merci, comme de la serre, du laboratoire, d’Emma, de tout enfin.

Aussi j’appelais de tout mon désir un événement quelconque, un fait nouveau, qui, venant dérégler notre modus vivendi, me permettrait de déjouer la vigilance de mes gardiens : une fugue de Lerne à Nanthel, un accident s’il fallait, n’importe quoi, dont je tirerais parti n’importe comment.

Cette aubaine fut l’arrivée de MM. Mac-Bell père et fils.


Mon oncle, prévenu par dépêche, me l’annonça dans une explosion d’allégresse.

D’où venait qu’il fût si joyeux ? Sérieusement, avais-je fait la lumière sur le danger de conserver Doniphan malade à l’insu de sa famille ? Là-dessus j’étais diantrement incrédule… Et puis ce rire de Lerne, même sincère, me semblait de mauvais aloi…, l’idée de quelque méchant tour en pouvait bien être la source…