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vi

NELLY, CHIENNE SAINT-BERNARD


Quelques jours passèrent sans amener d’événement susceptible de contenter mon amour ou ma curiosité. Lerne — avait-il des soupçons ? — manœuvra de sorte que tout mon temps fût employé.

Le matin, il me priait de l’accompagner, un jour à pied, l’autre en automobile. Ces promenades se passaient pour lui à traiter une question scientifique, au hasard, et à m’interroger comme s’il avait voulu réellement juger de mes aptitudes. En automobile, nous accomplissions de longues randonnées. À pied, mon oncle prenait d’habitude le chemin droit menant à Grey : il s’arrêtait sans cesse pour mieux discourir et ne dépassait jamais la lisière des bois. Souvent, au milieu d’une dissertation, au début même d’une marche ou d’un voyage, Lerne décidait un retour impromptu, se méfiant des êtres laissés à Fonval.