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le docteur lerne, sous-dieu

aboyeuses. Le songe augmentait sans cesse d’intensité. Il devint si aigu, le bruit si réel, que je m’éveillai tout d’un coup.

La sueur inondait mon corps et mes draps brûlants. La résonnance d’un cri récent étouffait sur mon tympan ses dernières vibrations. Ce n’était pas la première fois… non… je l’avais déjà distingué, ce cri, dans le labyrinthe, au loin, du côté de Fonval… hem !…

Je me soulevai sur les mains. Un peu de lune éclairait la chambre. On n’entendait rien. Seul, dans l’horloge, le Temps marchait en cadence, au branle de sa faulx. Ma tête retomba sur l’oreiller…

Et soudain, dans une crispation atroce de tout mon être, je m’enfouis sous les couvertures, les poings aux oreilles : — le hurlement sinistre montait du parc dans la nuit, mais surnaturel, mais inouï… C’était bien celui du cauchemar, et le rêve empiétait sur la réalité.

Je pensai au grand platane, là, contre le château…

Avec un effort surhumain, je me levai. Et c’est alors qu’il y eut des jappements… une sorte de jappements étouffés, très étouffés…

Eh bien, quoi ? tout cela pouvait sortir de la gueule d’un chien, que diable !

À la croisée du jardin, rien… rien que le platane et les arbres engourdis sous la lune…

Mais le hurlement se réitéra vers la gauche. Et, de l’autre fenêtre, je vis ce qui me parut, un moment, tout expliquer. (Une certitude cependant : c’est la réalité qui