Page:Renard - Le Coureur de filles.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
LE COUREUR DE FILLES

— Allez donc voir au poulailler, s’il n’y a pas des œufs !

Quand elles se furent éloignées, il reprit :

— Soyez tranquilles, papa et maman, je ne sortirai plus le soir.

La Griotte n’accepta pas cette exagération :

— Oh, de temps en temps tu pourras nous laisser ! Il faut jeter ta gourme !

Ému par tant de douceur, Pierre s’enhardit :

— D’abord, c’était une farce !

— Comment !

— Oui, c’était pour vous en faire croire. Vrai comme je le dis, je ne connais point de fille. Quand j’avais dépisté maman, je rentrais tout de suite à l’écurie. Tu te rappelles, le soir du parapluie ? Eh bien, tous les soirs c’était la même chose ! Quand tu m’as suivi le long de la rivière, jusqu’en face de la pile, je t’ai joliment mise dedans. Tu as cru qu’elle était là, la fille ! Il n’y avait pas plus de fille que sur ma main. Je causais tout seul. Ça ne m’amusait point toujours.