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LE COUREUR DE FILLES

— Tiens, tu n’es point couchée !

Comme elle ne répondait pas, il reprit avec hauteur :

— Non, je ne l’ai pas trouvée.

— Tu l’avoues donc, tu cours après elle, tous les soirs !

Déjà rageuse, elle lui pointait son parapluie en pleine poitrine, et lui en donnait de grands coups sur les bras, tandis qu’elle agitait sa lanterne en la balançant comme un encensoir. Il laissa tomber ses sabots et saisit le bout du parapluie en disant d’une voix basse :

— T’es folle, maman, t’es folle, c’est sûr.

Elle lui jeta des mottes de terre, des morceaux de bois, tout ce qu’elle trouvait sous sa main. Il ouvrit le parapluie, et les projectiles rebondirent sur la toile tendue et sonore. Elle l’insultait en lui donnant des noms d’animaux méprisés, sans trop crier, de peur de réveiller les deux sœurs. Enfin elle agrippa une baleine du parapluie. Pierre le lâcha et disparut dans la nuit.