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LE COUREUR DE FILLES


en face l’amoureuse, et, au moyen d’habiles coups doubles, lui distribuer, à elle aussi, sa part de gifles.

Dès que Pierre était sorti, elle prenait son parapluie, même aux plus beaux soirs, et sa lanterne grillée, sans laquelle elle n’allait jamais dehors, la nuit venue, et tâchait de le suivre. C’était impossible.

En effet, grâce à ses longues jambes, Pierre la distançait sans peine, et, plein de méfiance, rusait, compliquait les détours. Elle le perdait rapidement de vue, devait revenir, irritée et maligne, mais non découragée. Leroc et les deux sœurs dormaient déjà, tous les trois dans la même chambre. Pierre couchait à côté, dans l’écurie, près des bêtes. On pouvait l’entendre rentrer en collant son oreille au mur. Depuis quelque temps, c’était à croire qu’il ne rentrait pas du tout. Ayant enjambé son homme, coulée dans la ruelle, la Griotte, étendue sur le dos, son chapelet entre les doigts, écoutait de ses