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BAUCIS ET PHILÉMON

— Laisse-moi démêler ta barbe qui s’en va bout-ci, bout-là.

— Si tu approches, criait le vieux vermillonné, si tu me touches, tu m’entends, garce, c’est à moi que tu auras affaire !

Mais elle avançait quand même, et bientôt la longue barbe coulait entre ses doigts, blanche comme un jet de fleur de farine.

— Veux-tu me laisser tranquille, charogne ! disait le vieux, mais sans la repousser, les yeux au plafond pour ne pas la voir.

Cela ne se passait pas toujours ainsi. Quand, somnolente, la vieille oubliait de lui ratisser le menton, le vieux la réveillait avec un cri de rage, et se tirant la barbe jusqu’à la faire vibrer :

— Écoute-moi bien, ânesse, si dans une minute !…

Elle avait juste le temps de sauter sur son peigne. La toilette terminée, elle se retirait au coin de la cheminée, qu’elle habitait principale-