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On est quelquefois tenté de récrire un drame comme « La Tour de Nesle ». Pourquoi faire ? Je ne crois pas au drame de « La Tour de Nesle » et il m’intéresse. Je ne crois pas à son style et il m’amuse. Ces deux éléments de curiosité sont nécessaires. Changer l’un d’eux, ce serait mettre du vrai sur du faux. Ce qui est tout à fait faux me semble préférable à ce qui n’est qu’à demi vrai. La vérité au théâtre a moins de prix que l’unité de ton. Buridan ne peut pas me dire que j’ai un stylet à la main droite, des veines au poignet gauche, et du sang dans ces veines, comme il me dirait : voici une plume et de l’encre rouge, écrivez !


C’est heureux que l’artiste ne se demande jamais pour qui il travaille.

Si chaque soir, sur chaque scène, l’auteur joué regardait une à une, par le petit œil du rideau, les gueules de ce qu’on appelle une belle salle, le théâtre n’aurait pas un an à vivre.


Ne nous plaignons pas : nous avons déjà plus d’un auteur dramatique qui donnerait son nom au XXe siècle, si ce siècle, quoique jeune encore, se dépêchait de mourir demain.


Le théâtre X… refuse du monde, oui, mais il en refuse trop.


— Mademoiselle, c’est très bien comme ceci, pourtant j’aimerais mieux…

— Ah !

— Voulez-vous essayer comme ça ?