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tout petit peu, de manière à n’abîmer que l’escalier, que deux ou trois marches de l’escalier, et un barreau de la rampe ! Il y a bombe et bombe. Les anarchistes prétendent qu’ils travaillent isolément. Chacun dirait : « On m’a devancé. » Ma maison serait vaccinée contre les explosions. Le public me plaindrait. Je me moque de la gloire, mais il est toujours agréable de lire son nom en caractères d’imprimerie. Je ne compte pas l’indemnité qu’on m’accordera.

III

Après s’être écrit quelques lettres qu’il a montrées au commissaire, M. Navot achète un manuel d’école primaire où, grâce à la prévoyance du gouvernement, il trouve la recette pratique d’une dynamite garantie. Puis, dans des quartiers excentriques, il entre chez divers droguistes, demande au premier de l’acide azotique, au second, de l’acide sulfurique, à l’un une coupelle de porcelaine, à l’autre de la glycérine, ici de l’argile rouge sèche, et là ce qui lui manque. Comme aucun droguiste ne lui sourit, il craint les soupçons, pour dépister la police siffle des airs connus, et bien que ses poches soient grosses de redoutables paquets, il marche allègrement, en suant.

IV

Portes closes, M. Navot a quitté son paletot, à cause des taches, et retroussé ses manches de chemise. Il prépare, mélange, concentre. Des réactions