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— C’est le garde-port qui rentre.

La voiture s’éloigne et la curiosité cesse avec le bruit.

Les rainettes continuent leurs appels stridents, si clairs qu’elles semblent quitter les buissons humides, les feuilles vertes comme elles, se rapprocher du mur, et, bruyantes, entrer au creux des pierres.

Il faut pourtant aller se coucher : demain on tire le chanvre.

Les veilleurs bâillent, enfin se lèvent. Quelle douce soirée !

Ils dormiraient dehors. Au matin, on les trouverait là, engourdis, blancs de rosée.

— Bonsoir !

— Bonsoir… soir… oir…

Ils s’enfoncent dans l’ombre. Quelques femmes, des jeunes, allument une lanterne par peur de buter. Les portes se ferment, poussent leur long cri d’angoisse dont frissonnent les hommes en retard.

Et les rainettes même, lasses de lutter, leurs roulades étant vaines, vont prudemment céder au silence.

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