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L’ŒIL CLAIR

Il me propose une affaire.

Il tendait déjà la main. Il a eu un léger recul de surprise, mais j’ai engueulé trop tôt.


XIII


Comme je lisais une pièce à mes futurs interprètes, l’un d’eux s’écria tout à coup :

— Ce n’est pas du théâtre.

Je fus pris d’angoisse.

Il ajouta :

— C’est la vie même.

Je m’épanouis.

Ah ! la vie, rien que la vie, au théâtre, quel passionnant spectacle !

Quand je serai mort, j’aurai une idée : je ne me trouverai pas encore assez mort. Je réveillerai tous les morts du cimetière et nous nous ferons donner chaque soir, si c’est possible, par quelques-uns d’entre nous, des artistes, une représentation de la mort.

Quand de nouveau ils mourront à la fin de la pièce, nous dirons : à la bonne heure ! ça finit bien. Et nous dirons que ça finit mal si l’un d’eux a la prétention de nous faire croire qu’il va renaître.