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POTACHES


Pour les hommes qui n’ont pas une vie mondaine trop agitée, les souvenirs de collège demeurent ineffaçables. On dit toujours au bachelier qu’il ne connaît pas le monde, et on lui laisse espérer qu’une fois libre, il ira de surprise en surprise. S’il n’oubliait pas, instantanément et provisoirement, sa vie de collège qu’il ne se rappellera que plus tard, il s’apercevrait tout de suite, dehors, qu’il ne découvre rien de neuf, que les hommes diffèrent à peine des collégiens, et que, même chez les femmes, ses trouvailles ne sont pas surprenantes. Ne connaissait-il point déjà ses petites cousines, les sœurs de ses camarades, et, parmi ses camarades, celui qui se distinguait par des qualités féminines ?

Un collégien de seize ans a beaucoup vécu, mais il ne s’en doute pas. Il se traite lui-même de gamin. S’il observait et comparait, il pourrait dire à cet