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aux yeux, je voyais rouge. Ces gens dansaient frénétiques, en rut. Les voilà au repos, et je goûte une tranquillité profonde.

J’ai mes crises comme vous, Madame Vernet, mais j’en viens à bout. C’est fini, ne vous fâchez pas.

Ne vous fâchez pas, Marguerite. La tentation a été forte. Je me suis cru en partie fine, dans une baignoire. Mais vous avez de la chance : je suis un brave garçon.

Ne vous fâchez pas non plus, Monsieur Vernet : je respecte tout ce qui vous est cher. De quelque côté que j’aille, il y a danger. J’aime beaucoup votre femme et votre nièce, mais mon bras paralysé refuse d’atteindre au bonheur. Je fais un rêve, et je me dis : « Cette fois, ce n’est pas un rêve ! » et toujours c’en est un.

On déserte la plage ; des clefs grincent dans les serrures rouillées ; des gens qui souffrent disent : « J’ai faim ! le bain creuse », et s’en vont à pas lents, emportent leur appétit, objet fragile, et tremblent qu’il n’échappe.

Nous revenons à la maison, par le petit mur qui endigue la plage ; je marche derrière mes amis et je porte les ombrelles. La chevelure de