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MADAME VERNET

C’est ce qui me désespère. Dieu m’est témoin que je ferais à l’instant, s’il le fallait, si c’était une chose possible, le sacrifice de mon triste honneur pour vous sauver. Je vous le déclare sans rougir, je me livrerais sans hésiter, quand je vous vois ainsi désœuvré, arrêté dans votre œuvre par ma faute, et je cherche, oui, je voudrais trouver l’oreiller où pourront se poser nos deux têtes.

L’oreiller où pourront se poser nos deux têtes !

J’incline la mienne sur son épaule.

— « Vous m’aimez-donc ? »

— « Pas comme tu crois ! »

Nous nous balançons, nous soutenant l’un l’autre, et, poursuivi, jusque dans mes expansions, par je ne sais quel esprit de cabotinage, je remarque dans un vieux morceau de miroir pendu à une planche l’effet de notre accouplement.

J’ai la joue collée au cou puissant de Madame Vernet et le nez enfoui dans l’ouverture de son peignoir.