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n’a donc point lu votre lettre, et je ne l’ai pas décachetée ; je l’avais mise dans ma poche. Tenez, monsieur.

GEORGES.

Vous pouvez la lire, madame.

MADAME PERRIER.

C’est inutile, monsieur, puisque vous voilà.

GEORGES, prenant la lettre.

Elle ne renferme aucun secret, madame ; j’écrivais à Maurice. Il pose sa valise sur le banc, ouvre la lettre et lit : « Cher ami, mon congé m’est accordé. Il y a si longtemps que tu me retiens et que je te promets ces huit jours…

MAMAN PERRIER, inquiète.

Huit jours !

MADAME PERRIER, d’un ton insignifiant, pour réparer.

Huit jours.

GEORGES.

J’ai mis huit jours, pour mettre un chiffre, mais je resterai autant que je voudrai, autant que Maurice voudra, autant que vous voudrez, mesdames… Il continue de lire la lettre. « J’arriverai demain matin jeudi, (c’est aujourd’hui, vous voyez si je suis exact !) par le premier train ; je me fais une joie de bavarder avec toi et de connaître enfin madame ta mère et mademoiselle ta sœur… »

MAMAN PERRIER.

Et la grand’mère, on n’en parle pas ?

GEORGES.

Oh ! Madame.

MAMAN PERRIER.

Elle ne compte plus !

GEORGES.

Pouvez-vous dire, madame ?

MAMAN PERRIER.

Maurice, je parie, m’a déjà donnée à tuer.

GEORGES.

Non, madame.

MAMAN PERRIER.

Ça ne m’étonnerait pas de lui. Vous ne saviez peut-être pas seulement que j’existe ?

GEORGES.

Oh ! madame, je sais… je sais de quelle affection Maurice