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et, les ailes ouvertes en balancier, la gravit, à petits sauts secs, sans se presser, échelon par échelon, disparut. Françoise la suivit et à l’entrée du « foineau » s’arrêta.

Il était plein d’ombre ; le foin s’y entassait en galettes serrées. Un souffle chargé d’odeurs grisantes caressa le visage en sueur de Françoise.

— Tant pis, j’entre un instant, dit-elle. D’ailleurs, il y a peut-être des œufs, puisque les poules y vont.

Le foin, pressé contre les poutres, s’y appuyant de toutes ses bottes, dégringolait jusqu’aux pieds de Françoise en escaliers irréguliers. La poule s’était installée en haut, dans un nid fait comme exprès pour elle. Il aurait fallu, pour l’atteindre, affronter des périls, enfoncer dans des trous, risquer des enjambées, se donner bien du mal, et encore ! Ce fut sans appréhension qu’elle vit la servante tenter l’assaut, tâter les couches de foin du bout du pied, pressentir les gouffres, osciller, s’arrêter prudente, se consulter et recommencer l’escalade.