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II


Quel fut le motif de la querelle, ce jour-là, le village ne le sut jamais exactement. Les uns prétendent que la Gagnarde renversa par la cour commune un baquet d’eau grasse. Les autres, le maître d’école est du nombre, affirment que la Morvande lança, innocemment peut-être, une corbeille de pommes pourries dans les jambes de sa voisine.

Qu’arriva-t-il ensuite ?

La Gagnarde cassa d’un coup de fourche les deux pattes d’une oie qui n’était pas à elle, et la Morvande tordit le cou d’un jars sans en avoir le droit.

Puis toutes les deux, vaillantes, se mirent à donner de la voix.

La Morvande jappait. La Gagnarde grondait.

La Morvande courait dans la cour, ramassait des choses qu’elle laissait retomber pour les reprendre, et, le geste désordonné, se grif-