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Nul ne lui avait encore plié ses draps en portefeuille, ou renversé, la nuit, un quart d’eau froide sur la tête. Jamais il ne se réveillait violemment sous son lit retourné d’un coup d’épaule, toute la caserne s’abîmant dans une catastrophe.

Il se croyait sauvé.

Vraiment la chambrée ne se composait que de braves garçons, et la distinction d’Avril, dissimulée, passait inaperçue.

Il se mêla au groupe. Les parieurs s’échauffaient.

— J’en porterais deux, disait un soldat.

— Tu n’en soulèverais pas seulement un, répondait un autre.

— J’en porterais deux. C’est moi qui te le garantis, moi, Mélinot.

— Pas la moitié d’un ; je t’en défends, moi, Martin. Tu ne sais donc pas comme c’est lourd, un homme qui fait le mort.

Avril trouva bonne l’occasion de donner son avis. Ses camarades n’en seraient que flattés, et d’ailleurs, il aimait les études de mœurs.

— Oui, c’est lourd, dit-il.