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BUCOLIQUES

J’en ai vu une descendre dans la rue, le jour de la bataille. Elle disait à nos adversaires : « Vous ne réussirez pas ! Vous ne réussirez pas ! » Elle gesticulait, piétinait, puis, blanche de malaise, elle s’asseyait au bord du fossé et remuait les lèvres.

Toutes les paysannes ne sont pas comme elle, mais on n’en compterait guère de radicales-socialistes.

La moins hostile, c’est l’indifférente qui regarde, écoute sur sa porte et s’amuse.

Elle dit : « Laissez-nous notre curé. Il n’est pas fameux, mais si vous le faites partir, M. Combes ne voudra plus nous en donner un autre. »

Elle dit : « Il faut un curé ! » comme elle dit résignée : « II y aura toujours des riches et des pauvres ! »

C’est la paysanne bonne femme, paisible, croyante parce que Dieu est encore celui qui fait les plus belles promesses et qui pourrait le mieux les tenir. Elle n’aime pas la République, mais elle ne la craint