Page:Renard - Bucoliques, 1905.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
BUCOLIQUES

Dieu ! que c’est énervant ! Et quelqu’un qui parle sans savoir, qui a besoin de dire quelque chose, affirme que le tonnerre est déjà tombé une fois sur cette maison. Il a fendu la cheminée, brisé des tuiles…

— Le tonnerre ou le vent ?

— Le tonnerre, le tonnerre !

On croirait les femmes plus braves. Elles s’efforcent de verser à boire et d’offrir du pain, elles disent seulement que les mouches collent et elles traînent les pieds.

À la vérité, elles n’aiment pas prévoir, et elles se réservent. Il sera temps tout à l’heure que chacune d’elles cherche un placard à chaque coup de « gros nénerre ». Là-haut, d’un coin de ciel resté pur, une étoile nous désigne, avec un pâle sourire, aux fauves menaçants qui se déploient toujours.



Il est vrai que la sécheresse dure depuis longtemps, que nous manquons d’eau et que cet orage en va mettre un peu dans les