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BUCOLIQUES


La Goutte.


Comme je l’aide à rentrer son bois et que nous ramassons les dernières bûches, Papot me dit :

— Tu restes manger la soupe ?

Et je réponds :

— Avec plaisir.

Car je n’aime pas les cérémonies, Papot non plus.

Il fait sa soupe lui-même. Il accroche une marmite d’eau sur le feu ; il y jette une poignée de sel et des légumes. Il tire de l’arche un pain entamé et il commence de couper, avec son couteau, dans une écuelle, de fines langues égales. On croirait qu’elles sortent, légères, du rabot d’un menuisier, et je sais que, pour les réussir comme lui, il faut une longue pratique.

— As-tu faim ? me dit-il.

J’ai tellement faim que, si je ne me rete-