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BUCOLIQUES


mis sur sa tête. Pour savoir s’il est un bel enfant il faudrait le laver, comme si on voulait le noyer, et ne pas craindre de changer l’eau du baquet. Il ne montre de propre que ses yeux, quand les paupières se relèvent. Il ne répond pas à nos flatteries. Est-ce mutisme ou timidité ? Ses parents nous l’expliquent mal, tant les effare la visite de ce monsieur et de cette dame qui viennent acheter des sabots.

Madame dit sa pointure, mais le sabotier n’en a pas besoin. C’est plus simple de choisir dans cette rangée de sabots pendus par le talon au fil de fer qui traverse la boutique. Il suffit de les essayer tous.

— On ne vend guère de sabots l’été, dit-il, et nous sommes désassortis, mais ce sera tout de même le diable si vous ne trouvez pas une paire à votre convenance.

Et déjà le sabotier place d’équerre son sabot au nez du mien afin que je pousse ferme et que j’entre.

— Je désire, dit madame, des chaussons avec.