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grande éloges. Mais les éloges sur les points accessoires nous touchent peu, quand nous croyons les mériter par des côtés plus importants. Juge donc combien ceux de M. Burnouf ont eu pour moi de prix, quand je les ai vus porter sur ce qui fait le fond de ma pensée la plus chère. Il a donné le dernier coup de marteau à tout mon système intellectuel, et l’a consolidé dans les parties où il pouvait être encore ébranlé. Il y a joint d’ailleurs les offres de services les plus obligeantes, l’invitation à lui faire part de tous les travaux que j’entreprendrais désormais, et enfin les sollicitations les plus pressantes de persévérer dans la branche d’études où mon premier essai me posait d’une manière si honorable (ce sont ses expressions). C’est surtout en cette circonstance que j’ai compris, chère amie, ce qu’il y a dans les savants de notre pays de bienveillance, d’affabilité dans l’accueil, d’empressement à soutenir les timides efforts de celui qui entre dans la carrière. J’ai aussi compris que la meilleure recommandation pour plusieurs carrières, et spécialement pour celle des langues orientales, était d’être jeune.

J’ai fait part cet après-midi à M. Quatremère du jugement favorable dont mon travail a été l’objet. Sans quitter sa froideur habituelle, il en a paru surpris, et m’a témoigné en être satisfait ; j’ai remarqué immédiatement une grande différence dans sa manière d’agir à mon égard. Il m’a témoigné le regret de n’avoir point été membre