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chose délicieuse que cette liberté que laisse le chemin de fer de calculer à loisir ses heures et ses minutes.

Je ne pense pas, ma chère, que les lettres que je recevrai de toi avant mon départ m’obligent à rien changer au plan que je viens de l’exposer. C’est pourquoi je n’attendrai pas pour l’exécuter une réponse à cette lettre. Je n’ai point entendu parler du choléra de Potsdam, il ne peut par conséquent être bien violent à Berlin, et d’ailleurs ce ne serait pas là une raison pour empêcher mon voyage. J’ai vu avec mademoiselle Ulliac une dame Dossans, tenant une pension bourgeoise fort honnête dans son voisinage, et qui nous offre de bonnes conditions pour notre premier séjour à Paris. Nous aurions deux chambres communiquant par un couloir et ayant leur sortie indépendante, l’une pour quinze et l’autre pour vingt francs par mois. La pension serait à peu près de soixante francs au plus par mois. J’y prends provisoirement mon dîner, et je suis satisfait. Le local est situé au bas de la rue de l’Ouest, tout près du carrefour de l’Observatoire.

Ainsi donc, ma chère amie, voilà notre longue attente qui touche à son terme, dans trois semaines, nous serons à la veille d’être réunis ! je ne te parle longuement ni de l’hiver prochain, ni de l’avenir ; nous allons dans quelques jours en causer. Je suis très content de l’accueil que je reçois ici. J’y ai vraiment des amis. Cette mission, je le vois, sera officiellement mon titre le plus efficace.