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fois plus agréable. Il est très vrai que ta solitude y serait grande. Mais serait-elle moindre à Montpellier ? Je maintiens que tu trouverais à Rome un milieu plus analogue à celui de notre France que dans aucune ville du midi. Chose étrange ! Rome est la ville du monde où le libre penseur est le plus à sa place : tout le monde s’y trouve à l’aise et chez soi. Mais je ne me résoudrai que très difficilement à te voir partir seule pour un pays étranger quelconque : non, cela n’est pas possible.

Maintenant il est temps, chère amie, de fixer nos jours. J’ai reçu très exactement à Venise et à Vérone les lettres que tu m’y avais adressées. Mais je n’ai rien trouvé à Milan ni à Turin. Sans doute j’aurai plus accéléré mon voyage que tu ne pensais. Désormais écris-moi à Paris ; il est assez probable que je reprendrai provisoirement une chambre à mon ancien numéro 49, toutefois, adresse à mademoiselle Ulliac ou à M. Daremberg ; c’est plus sûr. Je pense, chère amie, d’après tes lettres antérieures, que tu me diras de partir vers la fin juillet. Plus tôt serait tout aussi commode pour moi ; mais il faut avant tout consulter tes forces. Que je redoute ce voyage de Varsovie à Berlin, et surtout cette fatale poussière ! C’est là que je voudrais être avec toi. Il me sera utile d’être à Paris dans le courant du mois de septembre pour régler l’année prochaine. Probablement nous irons ensemble à Saint-Malo, d’où je repartirai avant toi. Enfin, nous réglerons tout cela. L’es-