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que je pourrai y avoir ce qu’il me faut. Tu verras ceci avec mademoiselle Ulliac, cher Ernest, et tu jugeras la question en dernier ressort. Songe qu’il ne me faut pas grand’chose, que ce ne sera que pour peu de temps, une ou deux semaines, et peut-être moins, et tâche que ce ne soit pas trop cher. Si je puis me passer d’un médecin, je ne m’arrêterai à Paris que pour me défatiguer ; mais si je dois encore recourir aux conseils de la science, j’y resterai peut-être plus longtemps : le tout dépendra de ma malheureuse santé. Fais en sorte, mon Ernest, que je ne sois pas loin de toi. Aujourd’hui te retrouver, alors te voir, me parait le souverain bien. — J’ai un peu peur de la température de Saint-Malo, et du manque complet de végétation sur cet industrieux rocher ; c’est pourquoi je désire y aller pendant que le soleil aura encore de chauds rayons. Mon médecin me fait rester autant que possible à l’air extérieur, et désire surtout que je sois entourée de végétation, que les émanations des feuilles rendent à ma pauvre personne ce qu’elle a perdu. — J’espère que tu ne me trouveras point défaite, cher Ernest ; mon visage donne raison à mon médecin qui me trouve mieux : depuis quelques semaines j’ai repris ma mine ordinaire.

[Sur un billet séparé :] Où es-tu, cher ami ? Cette lettre te parviendra-t-elle ? J’attends celle que tu me fais espérer de Padoue. — Poursuis en paix ton voyage, mon Ernest si cher ; le médecin ne cesse ne me redire que je vais aussi bien qu’il se