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thèque de l’Institut, il examine mes travaux avec une curiosité fort significative. Tu comprends, chère amie, que le succès en un tel concours ne peut toujours être que fort incertain  ; mais qui n’agirait jamais sur des probabilités, par crainte exagérée d’un échec, se priverait de la possibilité du succès.

Quelques lettres que j’ai reçues dernièrement de notre mère, me prouvent qu’en effet la peine qu'elle avait pu éprouver de mes nouvelles résolutions est bien adoucie. Ses projets de Saint-Malo paraissent l'occuper beaucoup. Elle paraît décidée à choisir l’été prochain pour l'époque de son déménagement. La société de ma tante Forestier, qui, comme tu sais, est déjà établie à Saint-Malo, contribuera beaucoup, je l’espère, à lui en rendre le séjour agréable.

Je ne sais si je t’ai parlé de l’utile connaissance que l’on m’a fait faire d’un Allemand fort distingué de Brème, venu en France pour se perfectionner dans la langue française, et qui échange avec moi des leçons d’allemand contre des leçons ou plutôt des conversations françaises. Il a en outre attiré à nos conférences un professeur de philosophie à Osnabrück, envoyé en France dans le même but par son gouvernement. Nous avons ainsi des séances fort intéressantes et surtout fort utiles qui me procurent l’avantage que je désirais depuis longtemps d’apprendre l’allemand d'un Allemand même. D'ailleurs c’est un moyen commode d’obtenir tous les éclaircisse-