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apporter de grands soins, mais qu'il avait pourtant tout espoir de guérison, à l’aide des beaux jours qui commençaient enfin à paraître. Il ajouta qu’après une pareille secousse, lors même que dans quelques semaines il me verrait guérie, il ne pensait pas que je dusse m’exposer à passer un nouvel hiver en Pologne. Bien plus, hélas ! mon bon frère, et c’est ici le point le plus douloureux de tout ce qui me frappe, il ne croit pas que pour le premier hiver le climat de Paris puisse me suffire, il voudrait au moins le midi de la France. « Ce mal, me dit-il, est de ceux qui reviennent, lorsque les conditions nuisibles se représentent. Pendant une année, vous aurez à prendre les plus grandes précautions contre le froid et l’humidité. Si vous passez un hiver sans accident, habitez ensuite tel point de la France que vous voudrez, mais pour le premier hiver je dois vous conseiller le midi. » Il s’est formellement opposé à un voyage immédiat ; il ne veut pas que je me mette en route avant juin, ni que je reste ici après août. Ainsi, cher ami, comme je te l’écrivais il y a deux ou trois jours, finis en paix ton voyage ; nous nous entendrons ensuite pour le mien. Non seulement il ne m’est pas possible d’aller te rejoindre maintenant, mais la route par Vienne ou Venise serait pour moi trop longue et trop dispendieuse. Dans ma lettre adressée poste restante à Venise, je te dis qu’il n’est pas impossible que mon entourage aille passer l’hiver en Italie ; ceci est