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peu en retard, est maintenant dans sa première verdeur. Il m’eût été trop pénible de parcourir en poste et de nuit ces sites charmants de l’Apennin. Au delà de Bologne et en Lombardie, je reprendrai les voies expéditives.

Avec quel empressement, mu chère amie, j’attends la lettre que je trouverai de toi à Venise, et qui décidera de notre prochaine réunion ! Je ne puis que te répéter mes plus instantes supplications, et te prier de penser à moi plus qu’a toi-même. Quelle que soit l’opinion du médecin, ma chère amie, reviens-nous, et que la joie de notre prochain retour ne soit pas troublée par la pensée qu’il a pour cause un dérangement grave de ta santé. N’est-il pas assez démontré que l’hiver t’est funeste en ces climats, et quelle cruelle imprudence de répéter toujours cette meurtrière expérience ! Adieu, excellente sœur ; cette fois j’ai confiance, je ne sais trop pourquoi, que le jour est proche. Aime-moi toujours, et continue de me le dire.

Ton ami et frère,
E. RENAN.


MONSIEUR ERNEST RENAN
à Venise, poste restante, (Par Vienne).


Varsovie, 21 avril 1850.

J’ai eu la bonne pensée de devancer ta recommandation, très cher Ernest, je t’ai déjà écrit