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me portera d’une traite jusqu’à Forli, à quelques lieues de Ravenne. Combien je regrette maintenant que nous n’ayons pas suivi notre première inspiration ! Oh ! si tu ne revenais pas dans un an, je ne me pardonnerais jamais de nous être privés de ce bonheur ! Mais tu reviendras, c’est bien sûr, et alors nous n’aurons plus rien à regretter. Je reçois toujours de très flatteuses communications de Paris. Je t’écrirai certainement avant mon départ. Je n’ose te dire où m’adresser ta prochaine lettre : adresse-la à M. Daremberg à Paris, c’est le plus sûr ; il saura toujours où je serai. J’ai de bonnes nouvelles de Saint-Malo. Adieu, ma bien-aimée : oh ! je t’en prie, ne doute jamais de ma vive et tendre affection, et consens à t’appuyer sur mon dévouement et ma reconnaissance.

E. RENAN.


MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, (Varsovie).


Rome, 9 avril 1850.

Je reçois à l’instant, ma chère Henriette, ta lettre numéro huit, qui me cause des émotions si opposées, et à laquelle je ne veux pas tarder un jour à répondre. Oui, grâce à notre éloignement et à ma position toujours flottante, notre corres-