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mois, travaillant à ma guise, pour ma mission et pour moi, y menant en un mot ma vie de Paris, tout à fait acclimaté au sol. Les frais d’hôtel et de pension ne dépassent pas à la Minerve cent soixante francs par mois. J’aurais donc une épargne sur mes cinq cents francs et je pourrais en outre profiter du retour gratuit de Civita-Vecchia. Comment y emploierais-je le temps que je ne donnerais pas à mes recherches officielles ? nous en causerons, chère amie. Mais qu’il m’en coûtera de voir encore éloigné de quelques mois le moment bienheureux qui nous réunira ! — Écris-moi toujours à la Minerve, suivant l’adresse que tu avais déjà mise. Adieu. — A toi toute ma tendresse, ma bien-aimée.

Ton frère et ami,
E. RENAN.


MADEMOISELLE RENAN


Mont-Cassin, 17 janvier 1850.

De toutes les surprises que me réservait l’Italie, chère Henriette, le Mont-Cassin m’aura, sans contredit, procuré la plus douce, et je ne sais si les jouissances intellectuelles et morales que Rome m’a fait goûter durant le premier mois de mon séjour ont égalé les délicates impressions dont je suis redevable à la noble abbaye, ou depuis quelques jours nous recevons la plus aimable hospitalité. Naples m’a trouvé bien