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Cassin Cassin. Nous comptions séjourner plusieurs semaines dans cette savante abbaye, pour en examiner les manuscrits. Mais le P. Tosti, auquel nous étions recommandés, est en prison à Naples, et toute l’abbaye est en quarantaine, à cause de l’ardeur avec laquelle ces moines avaient embrassé les idées nouvelles. Je ne sais donc si nous y trouverons toutes les facilités désirables. Nous retournerons ensuite à Rome, où nous séjournerons encore quelques jours avant de partir pour Florence. Je crois qu’il vaut mieux, chère amie, que tu continues à m’écrire à Rome, à la Minerve, d’où on m’enverra tes lettres là où je me trouverai. Il est décidé que nous serons logés à Naples à l’hôtel de Genève ; ainsi, si tu le préfères, tu peux m’y adresser au moins tu prochaine lettre.

Adieu, ma bien-aimée. La pensée de notre prochaine réunion m’occupe tout entier. Parle-m’en bien longuement, ne me parle que de cela, et surtout sans retard. Que je souffre de rester si longtemps sans lettre de toi ! je ne t’ai jamais tant aimée, je n’ai jamais tant rêvé de toi qu’en Italie.

Ton frère,
E. RENAN.