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de voir ainsi tomber autour de soi ceux en qui l’on avait placé une partie de soi-même. D’autres amitiés ne te manqueront jamais, chère amie ; mais rien ne remplace, je le Sais, ces douces affections formées dès l’enfance par le seul attrait de la sympathie. Puissions-nous te faire oublier bientôt ta peine par nos soins et nos embrassements !

Le jour ne peut être éloigné, chère amie, où nous nous trouverons définitivement réunis. Je n’ai jamais envisagé ce voyage d’Italie que comme un acheminement à regagner ensemble notre patrie. Pourquoi ne m’en parlais-tu pas dans ta dernière lettre ? Garderais-tu encore quelque arrière-pensée ? Cela ne se peut, chère amie. Ç’a toujours été une chose entendue, et il ne peut être question entre nous que de la manière de l’exécuter. Il est temps, grand temps que nous commencions à en conférer. Le terme légal de notre mission me porte jusqu’au 15 avril. Mais le séjour de l’Italie m’étant à la fois agréable et utile, j’espère me faire accorder une prolongation de deux ou trois mois, et ne rentrer en France qu’avec les fortes chaleurs. Ce serait alors vers le mois d’avril que je me dirigerais vers le nord de l’Italie. Cette époque me semble aussi la meilleure pour le voyage que tu devrais entreprendre de ton côté. C’est à toi à décider si nous nous rejoindrions à Vienne ou Venise. Je préférerais pour ma part la première de ces villes, puisque ainsi se trouverait avancée l’époque tant