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l’inquisition à laquelle il est sans doute soumis. Je serai l’intermédiaire de leurs philosophiques confidences. « C’est un saint, me disait-il, de ce grand ton qui n’appartient qu’à lui, le plus grand saint qui soit maintenant en ce monde. » Quant au cardinal Maï, ce fut lui, M. Cousin, qui eut la plus grande part à sa nomination à l’Institut, mais depuis, ce brigand de cardinal, comme il l’appelle, a signé sa condamnation à l’Index. « Bien des choses, ajouta-t-il, m’ont fait plus de peine ; mais c’est un Monsignor, je ne vous donnerai rien pour lui. »

Nos instructions seront insérées et l’ont déjà été probablement tout entières au Moniteur et au Journal de l’Instruction Publique. Il est donc probable que les autres journaux en parleront, Nous nous attendons à quelque invective de l’Univers. Mais Ces injures-là honorent, puisqu’il n’y a pas un homme tant soit peu intelligent qui n’en ait sa part. Demain matin à cinq heures, nous prenons les bateaux à vapeur du Rhône jusqu’à Beaucaire. Là nous faisons une petite déviation de notre route naturelle, et prenons le chemin de fer de Montpellier, où nous voulons voir quelques manuscrits. Nous nous arrêterons à Nîmes, et reviendrons par Arles, Aix, Toulon, sans passer probablement à Marseille. Benjamin Moullec n’est plus à Marseille, mais à Montpellier, où je le verrai. Le 25, irrévocablement, nous nous embarquons à Toulon sur le paquebot de l’État qui nous mènera directement à Civita-Vecchia.