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jusqu’au bout ce rôle passif que, dès l’origine, j’ai voulu prendre en cette affaire.

Me voilà donc, chère amie, auprès de notre mère et de nos amis. Mon départ de Paris a été très précipité. Sitôt que j’ai vu que ma présence n’était plus nécessaire, j’ai jugé à propos de partir le plus tôt possible, incertain que j’étais de l’époque où mon retour serait de rigueur. En deux jours, mon voyage a été décidé et effectué. J’ai trouvé toute notre famille eu parfaite santé. Alain ne ressent plus absolument rien de son indisposition, et les fâcheux symptômes qu’il conservait encore lors de son voyage de Paris ont complètement disparu. J’espère pouvoir prolonger mon séjour jusque vers la fin de septembre. Ce projet d’Italie me met dans un grand embarras pour mon placement de l’an prochain. Je n’en ai encore rien dit à MM. Lesieur et Soulice. Je les laisse prendre l’initiative, et puis je leur opposerai au besoin cette mission. Tout cela ne peut donc être parfaitement éclairci que dans cinq ou six semaines.

De manière ou d’autre, chère Henriette, notre réunion ne peut être longtemps ajournée. Car si le voyage d’Italie manquait ou était remis à l’an prochain, j’insisterais vivement auprès de toi pour que notre voyage eût lieu en novembre. La prolongation de ton séjour à Varsovie par ce temps d’épidémie m’effraie et m’attriste plus que je ne saurais te dire. J’en reviens toujours à ma supplication. Ne passe pas l’hiver