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les pièces sont envoyées à l’Académie des Inscriptions, dont la décision n’est pas douteuse. M. Guigniaut nous a beaucoup servi, par sa position au ministère, ses rapports avec M. Génin, et son influence à l’Académie. Il s’est chargé de faire composer la commission dans le sens le plus favorable. M. Le Clerc a aussi très bien pris l'affaire. Je n’ai parlé à personne autre ; et en vérité si cette affaire réussit, ce ne sera pas par les frais que j’aurai faits. Je me suis tenu dans le rôle passif, laissant faire M. Daremberg. Je n’ai vu M. Génin que pour le remercier de son empressement, auquel en effet j’ai été très sensible. Maintenant, chère amie, voici quel serait le plan de notre voyage. Nous demandons une mission de cinq ou six mois, à cinq cents francs par mois (on nous rognera peut-être quelque chose), et transport gratuit de Marseille à Rome sur les navires de l’État. Nous explorerions non seulement les manuscrits de Rome, mais encore ceux des autres villes d’Italie qui en possèdent, Florence, Naples, le Mont-Cassin, la Cava, Venise même. Nous consentons à ce que notre solde soit échelonnée sur les exercices de deux années consécutives, parce que l’exercice de l’année courante est presque épuisé. Remarque bien que cette mission n’aurait absolument aucun caractère politique, et qu’elle ne suppose en aucune façon que ceux qui l’acceptent approuvent cette déplorable entreprise. Toutes les armées de Napoléon furent ainsi accompagnées de savants,