Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prochain départ. Que serais-je sans toi, amie chérie ! Ah ! puissé-je te prouver un jour la part que tu as tenue dans ma vie. En attendant, crois à toute ma tendresse.

E. RENAN.


MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Paris, 13 août 1849.

Je t’avais écrit quelques lignes, bonne amie, me réservant de répondre plus longuement à la lettre que j’attendais de toi, quand, en allant les porter à mademoiselle Ulliac, je trouve ta bienheureuse lettre du 5 août. Je ne puis résister au désir de causer plus longuement avec toi, et je retarde d’un jour pour le faire à loisir le départ de notre courrier. Comment t’expliquer, ma bien-aimée, toute la reconnaissance que j’éprouve pour la nouvelle preuve d’affection et de confiance que tu me donnes ? Non, aucune autre ne m’avait plus touché ni ne m’avait causé une plus vive joie. Ce sera donc pour moi, excellente sœur, que tu auras renoncé à de brillants avantages pour une vie qui ne pourra être que bien modeste ; et tu auras ou assez de confiance en mon avenir et en mon cœur pour t’y appuyer ; que je t’en remercie !