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sciences morales et politiques. Quant au second, aussitôt que je lui ai dit que je pouvais sans inconvénient attendre encore une année, il a fortement appuyé mon avis. Il est vrai que je ne l’ai pas encore vu seul, et que je n’ai pu par conséquent en causer en toute liberté avec lui. Après une visite inutile que je lui avais rendue, j’ai reçu de lui une fort aimable lettre, par laquelle il m’invitait à dîner avec une société choisie de ses amis. Pour la première fois, j’y ai compris ce que pouvait être une réunion d’hommes instruits et pensants. J’y ai appris une foule de choses fort importantes pour ma conduite à venir, que dix années d’études et de réflexions ne m’auraient point apprises. Je n’ai point encore pu voir M. Le Clerc, parce qu’à la session de licence a succédé celle du baccalauréat qui n’est pas encore terminée et durant laquelle on ne peut le voir que très brièvement et pour affaires. J’ai préféré attendre.

Il me reste à te faire part, chère amie, d’un projet que je méditais depuis longtemps, mais auquel je n’osais m’arrêter, faute de renseignements assez précis. Je les ai enfin obtenus, et mon plan est désormais fixé à cet égard. Je savais que l’Institut distribuait annuellement un prix fondé par Volney au meilleur ouvrage de linguistique proposé à son examen, et dès longtemps, je songeais à présenter à ce concours mon travail sur la langue hébraïque. J’ignorais seulement si par sa nature un tel travail serait apte à