Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venant d'antipathie que j’éprouvais devant celles de la licence. Bien des fois il m’arrivait, on entendant le candidat, de regretter de n’être pas à sa place ; je sentais que je ne m’en serais déjà pas trop mal tiré. De plus, en attendant à l’année prochaine, j’aurais pu me faire connaître davantage, peut-être même pourrais-je prendre le titre de docteur qui serait une bonne recommandation. C’est essentiel qu’avant mon agrégation je me sois fait connaître par mes études dans les langues orientales. Ce sera le seul moyen d’éviter la province à laquelle n’échappent pas quelquefois, au moins pour quelque temps, les premiers agrégés. Comme je te le disais tout à l’heure, la voie va m’en être actuellement tout ouverte. De plus, j’ai encore à passer le baccalauréat es sciences, qui est, il est vrai, très peu de chose. Mais encore faut-il repasser ses matières. Et mes travaux dans les langues orientales, je serais obligé de les interrompre... Tous ces motifs réunis, chère amie, m’éloignent, je l’avoue, de tenter si tôt une épreuve si difficile. J’attends toutefois pour me décider que le programme du concours pour cette année soit publié.

Le conseil de toutes les personnes que j’ai pu consulter s’est du reste trouvé parfaitement d’accord avec mon propre sentiment. J’ai vu M. Damiron et M. Garnier. Le premier m’a répété le conseil qu’il m’avait déjà donné de concourir avant l’agrégation pour l’un des prix de philosophie décernés par l’Académie des