Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/337

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est rompue en plusieurs endroits, surtout dans la Prusse rhénane. Il n’y a plus à hésiter, chère amie, je n’attends de toi qu’une seule réponse. — Ici tout est calme ; les élections ne sont pas encore suffisamment dessinées. Le vote de l’armée seul fait beaucoup parler. Mon Dieu  ! ne parlons pas de tout cela ; car une seule chose est maintenant sérieuse pour nous ; c’est ton retour, et en vérité pour ma part, je n’ai pas le loisir de penser à autre chose. Adieu, bonne amie, compte sur l’affection éternelle de ton frère et ami,

E. RENAN.


M. Cousin m’a appris que c’était lui qui m’avait proposé a M. de Falloux pour Versailles.


MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Versailles, 15 juin 1849.

Ma chère amie, bien que l’échauffourée[1] d’avant-hier ait été bien peu sérieuse, elle donnera sans doute lieu à mille bruits exagérés et absurdes, qui pourraient te causer de vaines inquiétudes. Je m’empresse donc de te rassurer, et de t’apprendre que cette folie a passé comme tant d’autres, et

  1. Il s’agit de la manifestation de Ledru-Rollin contre l’expédition de Rome.