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L’acceptation étant décidée, restait à décider si je fixerais mon domicile à Versailles, ou si je continuerais mon ancienne position, tout en faisant tous les jours le voyage. La considération de la perte de temps et celle des frais quotidiens (2 fr. 50) où ce dernier parti m’entraînait, auraient suffi pour me décider. Les convois des chemins de fer et les heures du collège concordaient si mal que, quittant mon domicile à midi et demi, je ne pouvais y être de retour avant six heures et demi, après quoi il fallait encore diner. Ce n’est pas moi qui, pour rien au monde, souffrirai un tel gaspillage de mon temps. D’ailleurs il y avait une autre considération décisive. Je ne pouvais être de retour à la pension qu’une heure après le dîner. M. Crouzet ne m’a pas proposé de faire garder mon dîner ; dès lors, obligé de dîner au restaurant, je ne trouvais plus aucun avantage à conserver ma position. J’allais donc élire un domicile à Versailles, quand M. Bersot, que je connais pour l’avoir rencontré chez J. Simon, et qui est un de nos plus zélés collaborateurs à la Liberté de Penser, et avec cela un des hommes les plus aimables que je connaisse, m’a fait offrir de prendre son appartement (il est garçon), en insistant avec une grande obligeance pour que j’acceptasse. J’ai accepté, et c’est de ce nouveau domicile que je t’écris. Il est situé au coin de la place d’Armes, en face du château, tout près de l’embarcadère, et pas trop loin du collège. Rue de Satory, 1. On ne peut rien imaginer de