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de mes relations s’est beaucoup étendu. M. Guigniaut est devenu pour moi un très chaud protecteur et ami. Un très savant homme de notre voisinage, dans la rue d’Enfer, M. Daremberg, à qui j’apprends l’arabe, me répand beaucoup. Il me revient de divers côtés des attentions et des bruits qui m’étonnent, et cela toujours dans les deux cercles qui m’importent le plus, l’Institut et le Collège de France. Il ne faut plus songer aux bibliothèques : M. de Falloux y déplace tout le monde pour y placer ses amis, rédacteurs de journaux légitimistes en province, littérateurs de sacristie, etc. Et puis, ces places ont peu d’avenir ; elles ne produisent pas dans la parole publique. Une conférence à l’École Normale serait mon idéal. Le titre d’agrégé est la condition de ces places, données sur la présentation du directeur de l’école, M. Dubois, que je ne connais pas, il est vrai, mais que je puis aborder de divers côtés. Si M. Egger est élu à l’Académie des Inscriptions pour remplacer M. Letronne, comme cela est possible, peut-être sa conférence resterait-elle vacante. C’est en pensant à toi, ma chère amie, que je tourne de ce côté une sérieuse attention. Sans toi, je serais d’une déplorable apathie pour ma position extérieure. Tu me disais bien des choses dans ta dernière lettre sur notre avenir que je ne comprenais pas très bien ; c’est pourquoi je ne te prends pas à partie sur ce chapitre. Écoute, chère amie, je n’y mets pas de finesse : j’entends purement et simplement que nous nous