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d’être une glacière. Enfin ma pension a été fort améliorée. Je mangeais auparavant avec les maitres d’étude, en même temps que les élèves, et des mets semblables aux leurs. Quelques jeunes gens étant venus cette année à titre de pensionnaires libres, nous formons avec les maîtres de la maison une nouvelle table beaucoup mieux servie (on ne peut réellement désirer mieux) et surtout à des heures plus commodes. Sois donc complètement rassurée sous ce rapport, bien futile sans doute en lui-même, important dans une année où les précautions sanitaires seront de rigueur.

Au milieu de ces préoccupations, la plupart pénibles et humiliantes, j’ai eu, chère amie, la plus vive consolation que j’aie éprouvée, depuis que je suis entré dans la carrière scientifique. Je t’ai dit, que j’avais cru devoir en appeler à M. Cousin pour le succès de mes démarches au ministère. Bien que je ne le connusse pas, cette démarche n’avait rien d’inconvenant. C’était le prendre pour ce qu’il a été et ce qu’il méritait d’être, le chef de l’enseignement philosophique. Dans ma lettre, je parlais de mes thèses, de mes travaux. M. Cousin habite maintenant la campagne : il ne vient à Paris que le vendredi pour le conseil. On tarda à lui remettre ma lettre ; dans l’intervalle je reçus réponse du ministère ; mais huit jours après, je reçus de M. Cousin la lettre la plus bienveillante, où, tout en s’excusant de la façon la plus piquante sur son impuissance dans l’état actuel de l’administration, il me faisait ses