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au moins comme titulaire. La plupart des chaires de Paris avaient été dédoublées dans les années précédentes, à cause du nombre des élèves : les rentrées ayant été cette année très faibles, la plupart des classes ont été réunies en une seule, en sorte que, bien loin qu’il y eût des places vacantes, plusieurs professeurs divisionnaires de Paris ont dû refluer en province ou n’obtenir que des places provisoires. La question était donc : Faut-il accepter en province, ou demander à rester à Paris en disponibilité ? Tous les universitaires purs, les inspecteurs qui présidaient le concours, et autres, n’ayant en vue que le professorat, m’engageaient très fortement à aller en province, et semblaient même me faire entendre que la demande contraire pourrait être mal interprétée. J’aurais l’air, disaient-ils, de vouloir garder mon titre pour moi seul, et de refuser mes services à l’Université. Depuis quelques années d’ailleurs, on montre la plus grande rigueur pour exiger que tous les agrégés passent par la province durant un temps plus ou moins long, et cela, à cause des vives réclamations des professeurs de province eux-mêmes. — D’ailleurs, me disait-on, l’administration actuelle n’admet aucune considération littéraire ou scientifique : elle regarde le titre, le temps de services, voilà tout ; elle classe ensuite d’une façon toute mécanique. Tout se fait par le chef de bureau (M. Lesieur) ; le ministre, à qui il serait bien difficile de prendre au sérieux des fonctions qu’il n’exercera plus dans quelques jours,