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MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Paris, 21 aout 1848.

Excellente amie, Nous venons d’avoir notre première réunion pour l’agrégation. Elle a été purement préparatoire, et s’est bornée à l’exhibition des juges du concours, à la lecture du règlement et à l’appel nominal. Nous sommes beaucoup plus nombreux que je ne pensais. Il n’y a pas moins de vingt concurrents. Le nombre des places officiellement mises au concours est de dix ; mais jamais le nombre n’est atteint ; il n’est pas probable qu’il y ait plus de six admis. Le nombre des concurrents n’a rien du reste qui doive effrayer. A l’exception des deux élèves de l’École Normale et de moi, tous sont professeurs, et quelques-uns très vieux professeurs. Mais l’expérience a prouvé que les vétérans du professorat, ceux qui y ont usé des dix et quinze années de leur vie, apportent aux épreuves peu d’avantage. On voit qu’un grand nombre de ceux qui se présentent cette année l’ont fait par suite des réflexions que les derniers événements ont fait faire à chacun sur sa position. Ce sont des professeurs de province qui ont voulu se mettre en règle. J’en vois six ou sept qui peuvent être de sérieux candidats : les deux élèves